L'histoire de la Tamborrada

Elément fondateur de la Peña Donazaharre et principal centre d’intérêt de notre activité, la Tamborrada est une tradition importée de la province voisine du Gipuzkoa et plus précisément de la ville de Donosti – San Sebastian.

Faits historiques, légendes et tradition font la force de cette animation devenue un des symboles culturels de cette ville.

Nous avons voulu, pour notre part et avec nos moyens, respecter au maximum les principes et l’histoire de cette fête. Ainsi, les origines et les bases actuelles de la Tamborrada qui vous sont relatées ci-après proviennent directement de sources d’informations recueillies au sein même des acteurs de cette tradition.

 

1.    Les origines de la Tamborrada

Encore aujourd’hui, nul ne peut dire précisément quelles sont les véritables origines de la TAMBORRADA de Donosti.

 

En fait, plusieurs versions existent mais tous les historiens sont d’accord pour situer sa naissance autour des années 1830-1840. Chacune d’elles trouve, en tous cas, sa source dans la vie quotidienne de la population de cette cité du GIPUZKOA, qui continue aujourd’hui encore à maintenir cette tradition devenue indéracinable.


Vous trouverez trois versions qui sont avancées par les historiens:

  • “La fontaine de CANOYETAN”,
  • “La fontaine de SAN VICENTE”,
  •  Le Carnaval de DONOSTI.

 

1.1.  La fontaine de CANOYETAN

Dans les années 1840, les militaires de la garnison de la petite caserne proche de la place “Parque de Artilleria” venaient s’approvisionner en eau à cette fontaine, tous les matins. A ce même point d’eau venaient aussi tous les matins les “neskatxas” (filles de maisons) de Donosti. Tout le monde pouvant se servir en même temps, l’attente était parfois longue.

Militaires et servantes étaient munis de barils étroits à leurs extrémités et larges en leur milieu, destinés à recevoir l’eau. Cette configuration permettait aux soldats de s’installer à cheval sur une des extrémités du baril, ce qui avait pour effet de ramener vers le haut l’autre extrémité. Ils occupaient alors ce temps d’attente à tambouriner de leurs doigts sur l’extrémité circulaire du baril, tout en sifflotant des airs de marches militaires. De cette habitude allait naître la tradition des DIANAS (chants de l’aube) du jour de la Saint Sébastien.

Une année, très tôt le matin, ils cherchèrent à fêter de quelque manière, ce jour de la Saint Sébastien. Accompagnés des joueurs de flûte de la troupe, ils décidèrent alors de donner une sérénade aux gens du voisinage, rythmant les airs de musiciens à l’aide de leurs barils. La population, très réceptive à ce genre d’animation, trouva la chose agréable, et tous formèrent un défilé musical dans lequel le bruit de l’accompagnement des barils prédominait. Ce fut la première TAMBORRADA ou, comme nommée à l’époque, BARRILLADA.

Les tambours utilisés par la population étaient tous ceux que chacun avait pu trouver dans sa cave et plus particulièrement, ceux qu’utilisaient pour leur travail les boulangers de la ville.

 

1.2. La fontaine de SAN VICENTE

Cette seconde version affirme que, quelques mètres plus bas que la fontaine de Canoyetan, à celle de SAN VICENTE, les artisans de la cité et plus particulièrement les boulangers très nombreux à l’époque (38 en 1841), avaient l’habitude de venir se servir en eau. Se trouvant là à l’aube dans l’attente de leur tour, ils s’amusaient en frappant sur leurs barils, à imiter les “rataplan” des tambours de la troupe. Un 20 janvier, jour de la Saint Sébastien, ils décidèrent de parcourir les rues de la ville au son de leurs barils et instaurèrent ainsi cette tradition, tous les ans, à la même date.

Il existe également autour de cette fontaine une autre version qui paraît être celle qui réunit le plus grand nombre d’historiens: celle de Martin GONZALEZ, dessinateur de costumes de la Tamborrada des enfants. 

Il affirme que les soldats de la garnison entendirent un matin un grand vacarme autour de la fontaine. Ils y descendirent, pensant y trouver un quelconque danger, et y trouvèrent en fait des marins en train de tambouriner sur leurs barils à sardines. Ils furent alors tellement soulagés par cette découverte qu’ils se mirent à accompagner les marins dans leur divertissement. Ils se promirent ensuite de se retrouver à la même date l’année suivante: la Tamborrada était née. 

Quant à la date de cette première édition, elle aurait eu lieu en 1836.

 

1.3. Le Carnaval de Donosti

Dans tout le Pays-basque, la tradition du carnaval est encore aujourd’hui fortement enracinée. Chaque province, chaque village parfois, a sa manière bien spécifique de fêter carnaval, par des animations, des défilés, des commémorations qui trouvent racine dans la vie même et l’histoire de la population locale.

A Donosti, depuis fort longtemps, les Fêtes de carnaval ont donné lieu à des formations de groupes ayant chacun un thème bien précis. C’est ainsi que, dès 1817, on trouve parmi toutes les autres animations, la “Mascarade des aveugles de Valence” ou autre “Communauté des jardiniers”. Ces groupes d’animation sont devenus des éléments à part entière du carnaval de Donosti et sont maintenant entrés dans la tradition.

Selon beaucoup d’historiens, c’est donc dans ce même esprit que serait née la Tamborrada, c’est à dire sous la forme d’une animation organisée par un groupe d’amis. Sans connaître exactement l’année de sa première apparition, il est certain que cette Tamborrada était dans les rues de la ville au cours du carnaval de l’année 1836, en pleine guerre Carliste.

 

2.    Au fil des années …

La Tamborrada prend très vite racine au sein de la population de Donosti. Pour fêter le saint patron de la ville, la tradition s’instaure rapidement de prendre son baril et d’accompagner la musique dans les rues de la ville (ce n’est que plus tard que les tambours aux sons sourds viendront se joindre à ce cortège)

Chaque année, à 3h30 du matin, le défilé démarrait de la sociedad “La Fraternal”, pour parcourir les rues du quartier au son du zorziko “Xexerena”.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est en 1860 que le compositeur SARRIEGI composera la “Donostiako Martxa” (marche de Saint Sébastien) devenue plus tard l’hymne officiel de la tamborrada.

BAGERA...!
GU ERE BAI !
GU BETI POZEZ,
BETI ALAI

SEBASTIAN BAT BADA ZERUAN
DONOSTI BAT BAKARRA MUNDUAN
(H)URA DA SANTUA
(E)TA (H)AU DA (H)ERRIA
(H)ORRA ZER DEN GURE DONOSTIA

(H)IRUTXULOKO
GAZTELUPEKO
JOXEMARITAR ZAHAR ETA GAZTE. (Bis)

KALERIK KALE
DANBORRA JOAZ
UMORE ONA ZABALTZEN
(H)OR DIOAZ
JOXE MARI¡

GAURTANDIK GERORA
PENAK ZOKORA
FESTARA¡
DANTZARA¡
DONOSTIARREI OIU
EGITERA GATOZ
POZALDIZ
I(H)AUTERIAK DATOZ !
(Bis)

BAGERA...!
GU ERE BAI !
GU BETI POZEZ,
BETI ALAI

 

 

Inlassablement, les tambours parcouraient les rues jusqu’à 8h00 du matin, heure à laquelle ils se postaient au croisement des rues Iñigo et Narrika, où tous attendaient avec impatience le début du “Sokamuturra”, traditionnel lâcher de vaches encordées dans les rues.

Après que “La Fraternal” ait bien instauré cette tradition, ce fut la sociedad “La Unión Artesana” qui prit le relais. Celle-ci défilait à partir de 5h00 du matin, et trois cavaliers en uniforme ouvraient la marche. Derrière eux, en compagnie de barils, les joueurs de tambours étaient vêtus d’uniformes de soldats de 1800, ce qui devint également une tradition. 

Plus tard, la sociedad “Euskal Billera” organisa elle aussi sa Tamborrada et, très vite, tous les quartiers de Donosti se joignirent à cette animation.


3.         Le 20 janvier, à Donosti

La tamborrada de Donosti est devenue, plus qu’une animation traditionnelle de carnaval, une véritable institution.

Alors qu’en 1967, 10 sociedad défilaient dans les rues pour cette occasion, elles sont aujourd´hui 40 à participer régulièrement à cette grande journée du 20 janvier, jour de la St Sébastien patron de la ville.

En fait, c’est très précisément le 19 janvier au douzième coup de minuit à l’horloge de l’ancienne mairie de la place du vieux quartier, que les festivités sont lancées. A ce moment précis, la Tamborrada de la sociedad “GAZTELUBIDE” interprète sur cette place les airs officiels créés uniquement pour cette journée, avec, en particulier, l’hymne de la Tamborrada: “Donostiako Martxa” (La Marche de St Sébastien). Durant tout le reste de la journée, et principalement jusqu’à midi, toutes les Tamborradas vont défiler à travers les innombrables rues et ruelles de la ville, pour y interpréter elles aussi les airs officiels. Puis, à minuit précise ce 20 janvier, la clôture de ces 24 heures de Tamborrada sera officiellement déclarée avec l’interprétation, toujours sur cette même place, de la sociedad “La Unión Artesana”. 

Tout au long de cette journée exceptionnelle, c’est une extraordinaire ambiance de fête et de bonne humeur qui règne sur toute la ville de Donosti. Sans discontinuer, les musiques de la Tamborrada résonnent, accompagnées de tambours et barils qui rythment inlassablement ces marches, zorziko, et autres polkas.

Cette journée, qui peut très bien tomber en milieu de semaine, est déclarée fériée pour toute la ville de Donosti, et uniquement pour elle. De plus, tous les tambours et musiciens de ces Tamborradas sont exclusivement des Donostiarrak (habitants de Donosti). 

Aujourd’hui, les télévisions nationales Basques et Espagnoles retransmettent en direct le début de ces festivités ainsi que la Tamborrada des enfants qui se déroule vers midi.

 

4.    Les Sociedad, bases de la Tamborrada

Toute la particularité de cette tradition réside dans le fait que, seuls les habitants de DONOSTI exécutent cette Tamborrada.

Durant toute l’année, les Donostiarrak sont regroupés en “Sociedad”, clubs privés très répandus dans toutes les cités du Pays Basque Sud. Ces “Sociedades” sont en fait, le lieu de rassemblement des différents groupes sportifs, gastronomiques, culturels, musicaux ou simplement groupes d’amis.
 

L’accès n’y est autorisé qu’aux seuls membres titulaires de la carte du club, et jusqu’à très récemment encore, il était formellement interdit aux femmes d’y pénétrer. Aujourd’hui, l’évolution des choses a fait que les femmes y sont très progressivement acceptées et seulement quelques « Sociedades » elles maintiennent encore cette “traditionnelle interdiction”. Pour d’autres, mis à part une poignée totalement mixtes, elles proposent l’accès de leurs locaux aux femmes à des jours et à des occasions bien précises. 

Pour cette journée du 20 janvier, ce sont chacune de ces sociedad qui, regroupant tous leurs membres, forment une Tamborrada. L’accompagnement musical est assuré, selon le cas, soit par une banda multi-instrumentaliste, soit par une banda de txistus.

La tradition veut également que chaque Tamborrada se retrouve dans son local pour y partager le repas de midi.

Autre particularité: ce 20 janvier est le seul jour de l’année où l’accès à ces sociedad est totalement libre pour tout le monde.

 

5.         Compositions et costumes des Tamborradas

 


En majorité, les Tamborradas sont composées sur le même principe:
 

 D’une part, on y trouve les joueurs de tambours. Ceux-ci frappent sur un tambour profond duquel sort un son sourd et puissant. Très souvent, ces tambours sont ornés d’un foulard ou d’un fanion représentant l’emblème de la sociedad. Les joueurs de tambours sont quant à eux vêtus du costume des soldats de 1800.

   



 

 D’autre part, on y trouve également les joueurs de barils. Ceux-ci frappent sur un petit baril en bois, évasé en son milieu, et qui procure un son plus sec et plus aigu. Tous les joueurs de barils sont habillés en costumes de cuisiniers, portant une grande toque blanche et un tablier de cuisine également blanc.

 

On peut aussi trouver dans ces “compagnies” quelques figurants, comme par exemple ceux qui, en fond de cortège, habillés également en cuisiniers, portent de grands ustensiles de cuisine fabriqués pour l’occasion.

 En plus, n’oublions surtout pas celui qui mène tous les musiciens de cette formation: le Tambour Major.
 

 Celui-ci est toujours placé à la tête des tambours et leur donne le rythme grâce à un bâton qu’il tient dans les mains, signalant un changement de mode de frappe des baguettes ou encore la fin du morceau, par des changements de position de ce bâton.

A Donosti, le choix de ce personnage n’est jamais le fruit du hasard. Traditionnellement, il faut que cet homme soit fort et populaire dans la cité et surtout, qu’il soit le digne représentant de la bonne humeur et de la joie de vivre des gens de Donosti.

 

  Dans l’interprétation de chacun des airs de la Tamborrada existent donc deux partitions d’accompagnement rythmiques: l’une pour les tambours et l’autre pour les barils, avec des parties communes et d’autres ou les deux instruments rythment de façon différente.




 

 Toutes les Tamborradas jouent les airs de la même manière, comme ils ont été écrits à l’origine de leur création. Ces partitions ont été écrites de façon très simple et abordable aussi bien par des musiciens confirmés que par une personne n’ayant strictement aucune base en la matière.

 
 



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